Mialet


Alès

Nous aurions pu craindre le pire avec la pluie fine et continue de la nuit, mais, à 8H, il fait beau. L’oiseau rare qui chantait la nuit était un rossignol (dixit Jeannette).
Après le petit déjeuner de mise en train, nous voilà partis dès 8H20. Nous montons par un sentier escarpé jusqu’au hameau d’Aigladine, où nous rejoignons le GR70, et où un robinet d’eau froide bienfaiteur n’a pas été mis là par hasard.
La grimpette s’accentue, toute aussi caillasseuse, en sous-bois, jusqu’au col d’Uglas, 539m.
Sur notre lancée, nous traversons la D160, pour nous engager sur une piste large et agréable, jusqu’au moment où l’affreux doute s’installe : effectivement, nous sommes sur le GR44D, et nous marchons à l’opposé de notre direction….Révélation terrible, il nous faut rebrousser chemin : « Nananana… j’ai horreur de faire des kilomètres pour rien » et retour au col d’Uglas, où effectivement nous avons raté le virage à 180° du GR, devenu large chemin pierreux, qui s’élève jusqu’au relais à 699m. Arrêt sympa à la table d’orientation, avec dégustation de quelques sucreries…Puis descente abrupte jusqu’à un croisement où les balises brillent par leur absence. Nous sommes sauvés de cette perplexité métaphysique par un autochtone chevauchant un tracteur vétuste chargé de bois mort.
Il nous indique la voie à prendre. En avant toute ! Et la descente se poursuit, non pas aux enfers, mais pire ! Soudain, grimpette inopinée dans les buis, tortueuse et imprévisible… Un jeune couple nous rejoint, et nous marchons sur les crêtes au milieu d’un paysage de petits chênes rabougris. La chaleur est écrasante. Il nous faut maintenant traverser une zone de rochers entrecoupés de failles et de « oules », dangereuse pour nos chevilles et nos pieds.
Le long d’un sentier pierreux, nous trouvons, ô miracle, un peu d’ombre, où nous nous réfugions pour partager pain et pâté ramolli, le tout arrosé d’un corbières un peu chaud.
Dans une nouvelle descente, Arthur emporté par son élan, met le pied sur une pierre qui roule….. patatras ! Il chute lourdement sur son auguste postérieur en invectivant Stevenson et les pierres dans une bordée de jurons.
Et le calvaire continue, car il faut emprunter un passage rocheux nécessitant un peu d’escalade, le tout surplombant un à-pic non négligeable. Comme hier, le temps devient de plus en plus lourd.
Les baliseurs ont dû passer du temps de Stevenson, les vestiges d’un ancien marquage restent à peine visibles, il faut encore remonter, jusqu’à une multitude de tables d’orientation, situées après le sommet Montcalm, d’où nous apercevons Alès dans le lointain.
L’orage gronde au loin. A la cote 506, dans un labyrinthe inextricable de blocs rocheux, nous retrouvons le jeune couple, et entamons une nouvelle descente très difficile. Nous avons dû passer à côté du château de Sauvage, sans le voir…. Tiens, v’là la pluie !!! Le jeune couple disparaît mystérieusement, les coups de tonnerre violents nous environnent, il faut encaper rapidement, Marie couvre son sac, et à travers les éclairs et la pluie nous voilà sur une sente glissante. Nous perdons tout balisage, et Arthur, muni de son GPS pifométrique prend les devants : « Ca descend » dit-il, « c’est bon signe ! ».
Après une longue errance sous-bois, nous voilà à la Traquette, et parvenons à St Raby où un panneau salvateur indique « Alès : 2,5km ». La pluie a cessé. Ouf ! Nous arrivons du côté opposé de l’itinéraire du GR44C, mais on s’en fout : à nous le goudron et un interminable cheminement le long de la rivière aux senteurs nauséabondes. Nous la franchissons pour nous diriger vers la gare, où nous sommes attendus chez un nommé Durand (qui n’est pas dentiste de son état mais tout simplement hôtelier). Il est 16h50 ; nous allons pouvoir bientôt combler le vœu d’Arthur : boire un demi. Hélas, il ne sera dégusté que vers 19H ! Nos amis Jeannette et Jean, partis eux de St Jean du Gard ne parviendront à Alès qu’à 18H passées.

Cette marche, apothéose finale de notre périple , est fortement à déconseiller aux adeptes du Chemin de Stevenson, et ce malgré un paysage toujours aussi attractif : mieux vaut s’arrêter à St Jean du Gard, et faire comme feu Stevenson : prendre la diligence pour Alès. Nous allouons un blâme aux baliseurs du GR44D, sur le tronçon à partir du col de Mayelle.
Nous rentrons, et le lendemain, à la gare d’Alès, nous retrouvons Jeannette et Jean qui nous confortent sur la pénibilité du chemin de la veille, et…… ils ont retrouvé le tee-shirt d’Arthur, perdu sur la Voie Royale !!!
Le train démarre, en route pour des paysages magnifiques dont seul le train permet la vision : viaducs, ponts se succèdent, voici La Bastide Puylaurent, pas d’âne refusant d’avancer sur le passage à niveau, oublions l’Hôtel des Genêts, et plongeons à travers cette superbe vallée de l’Allier : les tunnels se suivent dans un décor grandiose. Nous prenons congé de nos amis rodéziens à Monistrol-sur-Allier, et retour vers le Puy en autocar local pittoresque.
A bientôt sans doute pour de nouvelles aventures !

Voyages avec un âne dans les Cévennes - R.L Stevenson

Le Chemin de Stevenson

TopoGuide Grande Randonnée - GR 70

Sur le chemin de Stevenson

Textes de Hervé Bellec Photos de  Bruno Colliot,